zoom sur la communauté enfantine
Natalia, éducatrice pour les enfants de 0 à 3 ans, groupe appelé la communauté enfantine, a répondu à nos questions concernant le statut de l'erreur.
Bonjour Natalia, tu es éducatrice Montessori pour la Communauté enfantine, diplômée AMI, tu travailles à l’école Cube School de Port Marly. Peux-tu nous décrire la façon dont les enfants travaillent en Communauté enfantine ?
Les enfants de nos classes sont libres, et l'organisation y est nécessaire : un cadre précis et clair qui doit permettre aux enfants d'être libres d’explorer. Les enfants accomplissent leurs expériences dans un milieu préparé, se perfectionnent. Nous mettons à leur disposition un matériel de travail dédié.
Par quel processus amène-t-on les enfants à travailler de façon concentrée dans une ambiance en Communauté enfantine ?
Nous encourageons les enfants à trouver une activité qui leur convient, et nous savons nous retirer lorsque les enfants ont trouvé. Grâce aux manipulations, les enfants atteignent un état de concentration intense et la maintiennent. Les enfants qui vivent cette expérience à l’école savent ce qu’elles et ils viennent y chercher. Nous cherchons à rendre possible et à encourager la spontanéité des enfants pour trouver ce qui les satisfait. Les enfants sont libres dans cet environnement organisé.
Pour ne pas les détourner du but de leur travail, nous, adultes, veillons à ne pas les encourager ou les gronder.
Peut-on alors parler du contrôle de l’erreur dans la Communauté enfantine?
Parler d'erreur dans la Communauté enfantine me semble être une erreur en soi !
Le travail des enfants est, dans son intégralité, une expérience sensorielle. Les très jeunes enfants sont des explorateurs sensoriels naturels.
Il existe bien du matériel, avec des formes géométriques qui mettent en évidence l’impossibilité d’insérer un cube dans un trou. Le fait que les enfants tentent plusieurs fois d’emboîter une forme sans succès ne peut être considéré comme une erreur, mais plutôt comme une expérience sensorielle. Prendre cela en compte me semble essentiel quand parfois nous devons prendre la décision d’interrompre le travail d’un enfant.
C’est un sujet qui revient souvent dans nos discussions entre collègues : quand est-il pertinent de dire stop et d’inviter l’enfant à ranger le matériel sur l’étagère ? À quel moment peut-on considérer que l’enfant détourne le matériel ?
Il est essentiel de partir de l’observation et de tenir compte du stade de développement de l’enfant en termes de motricité, de langage et d’âge. Si nous éliminons la notion d’erreur et nous nous limitons à observer les mouvements de l’enfant ainsi que l’attention que l’enfant porte à sa manipulation, nous pourrons juger s’il est pertinent ou non d’interrompre son travail.
Il est rare que je retire un matériel aux jeunes enfants. Je ne le fais que si la manière dont les enfants le manipulent dérange le groupe (par exemple, par le bruit que cela produit), si leur sécurité ou celle du groupe est en jeu, ou encore si l’intégrité du matériel est menacée.
Très souvent, particulièrement dans les premiers temps de notre pratique, nous pouvons avoir tendance à intervenir rapidement, sans nous donner la possibilité de comprendre ce qu’un ou une enfant est en train de faire avec le matériel. Ainsi, sans mauvaise intention, nous devenons un obstacle à son développement.
Une observation de Natalia
L’une des consignes de notre pratique est de ne pas laisser les enfants mélanger un matériel avec un autre.
Un jour, Paul, deux ans, prend un livre et le pose sur une table, puis continue son chemin. Si j’avais agi de manière précipitée, je lui aurais fait remarquer ce matériel abandonné sur la table. Mais je n’interviens pas. J’observe.
Paul se dirige vers l’étagère de langage et s’empare de différentes miniatures représentant des animaux : une orque, un pingouin, un ours polaire. Il remplit ses petites mains de figurines en plastique et se dirige vers son livre abandonné : un livre avec de magnifiques photographies des animaux de la banquise. Avec soin, il cherche l’image de l’ours polaire et y place la miniature correspondante. Puis, il fait de même avec l’orque, le pingouin...
Ce qui aurait pu être jugé comme un détournement du matériel, comme une erreur, était en réalité un travail structuré avec un début, un développement et une fin.
En conclusion, penser le travail des enfants sous l’angle d’expériences sensorielles où il n’y a pas de place pour l’erreur rend ma pratique plus agréable et efficace. L’erreur provient souvent de l’adulte qui peut être un obstacle au développement de l’enfant.
Le contrôle de l’erreur : la grande innovation de Maria Montessori
par Sarah HaussmannLa plupart des matériels Montessori intègrent un contrôle de l'erreur,...
Edito
C'est avec une joie immense que nous vous présentons aujourd'hui la nouvelle mouture de notre...